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Quelles sont les causes des baisses de rendements et de qualité en blé ?

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Cette année est marquée par des rendements en céréales, surtout en blé tendre et blé dur particulièrement décevants dans le sud-ouest. L’Ariège n’échappe pas à cette désillusion surtout que les potentiels étaient là en début de campagne (bonnes conditions de semis et reliquats d’azote importants).

Sur le département, les baisses de rendements sont de l’ordre de 25 % en blé tendre et 35 % en blé dur (source CA 09, CAPA et Arvalis). Cependant on note des hétérogénéités avec de bons rendements en sols superficiels et filtrants et de très mauvais sur les boulbènes hydromorphes. De même que le rendement, la qualité des récoltes n’est pas au rendez-vous : PS faible, mitadinage et moucheture en blé dur.

1. Phase d’implantation : des bonnes conditions

Les conditions de semis ont été plutôt bonnes avec un temps sec et des pluies début novembre qui ont laissé deux grandes fenêtres de semis, autour de 20 octobre et du 10 novembre.

2. Tallage : excès d’eau pénalisant

Pas de cumuls de précipitations importants sur cette période mais un nombre record de journées pluvieuses sur cette période (+40% sur l’Ouest du département, +5% ailleurs). Les céréales en sols hydromorphes ont souffert durant cette période, avec un tallage difficile. Les semis tardifs sont les plus impactés avec des niveaux de tallage faibles à très faibles.

3. Stade épi 1 cm : conditions difficiles pour les apports d’engrais

Les reliquats d’azote étaient dans la plupart des cas suffisants pour couvrir les besoins jusqu’à épi 1cm. C’est par la suite que la situation s’est dégradée avec une lixiviation importante de l’azote et du souffre et beaucoup de difficultés pour pouvoir apporter les engrais dans de bonnes conditions.

4. Montaison : enracinement difficile sur sols humides

Les précipitations continuent pendant la montaison. L’excès de pluie et leur fréquence ne permet pas le ressuyage des sols. Les parcelles sont saturées sur de longues périodes pénalisant le fonctionnement des racines. Le niveau d’épis/m² est pénalisé avec la régression des talles (<400 épis/m²). Là encore les semis tardifs et les parcelles hydromorphes sont les plus touchés. Par contre, malgré les conditions météorologiques, peu de maladies de feuillage (septoriose et rouille) sont à noter durant cette période. En effet, le mois d’avril a été moins arrosé que la moyenne.

5. Floraison : explosion de la fusariose

C’est la phase durant laquelle les conditions se sont le plus dégradées, avec des cumuls de précipitation souvent supérieurs à 80 mm durant la période, 10 jours avant floraison – 10 jours après floraison. Ceci a entrainé un fort développement des fusarioses, même dans les situations avec protection fongicide. En effet, le positionnement du traitement et la fréquence des pluies n’ont pas permis une efficacité optimale.

6. Poids de Mille Grains : manque de rayonnement

A partir de la floraison, les céréales ont besoin de rayonnement pour assurer un bon PMG. Or, durant cette période le département a reçu 80 % du rayonnement habituel. Ceci combiné à une saturation en eaux des sols, n’a pas permis un remplissage satisfaisant des grains. Par comparaison, l’extrême Nord de la France où les rendements sont très bons affiche un rayonnement de 115% par rapport à la normale durant la période de remplissage.
En blé dur, on peut aussi noter la forte présence de fusarioses, de mouchetures et de mitadins qui affectent considérablement la qualité. En parallèle, les taux de protéines sont corrects que ce soit en blé tendre (autour de 11.5%) ou en blé dur
 (autour de 13.5%).

7. Récolte : une dégradation de la qualité accentuée

Une fenêtre de beau temps fin juin-début juillet a permis de récolter une partie des céréales, les plus matures.

Ensuite le mois de juillet a été très arrosé avec de gros orages, ce qui a encore dégradé les récoltes : tous les 20 mm = -1 pts de PS.

 

L'enherbement des parcelles est venu concurrencer les blés

La campagne a aussi été marquée par un fort enherbement de certaines parcelles, notamment par le ray-grass, avec des populations avoisinant les 200 RG/m² dans certaines situations. A noter qu’une densité de l’ordre de 100 RG/m² pénalise le rendement de 30 %. Les conditions sèches en automne ont fait hésiter certains agriculteurs quant au positionnement d’un herbicide racinaire durant cette période. On connaît ensuite les conditions météorologiques du printemps qui n’ont pas permis d’intervenir correctement et pire encore dans les cas de ray-grass résistants, l’absence de solution en désherbage foliaire.
Malgré tout il existe des moyens alternatifs efficaces pour lutter contre les ray-grass :
❚ décalage de la date de semis : de début octobre à mi-novembre = -90% de RG (essai dans le Nord de la France). Dans certaines situations de semis trop précoces, même un lourd programme de désherbage (3 IFT et 175 €) n’a pas permis un résultat satisfaisant ;
❚ labour ;
❚ En non-labour : rotation incluant deux cultures de printemps à la suite.


Attention à l'utilisation des semences de ferme pour la campagne 2018/2019

Cet automne, compte tenu des résultats économiques de la campagne, beaucoup d’exploitations vont être tentées par l’utilisation de semences de ferme. Avec une qualité de récolte médiocre (grains cariés, fusariés, petits grains, graines d’adventices) dans beaucoup de situations, quelques mises en garde s’imposent. Pour pouvoir utiliser une semence de ferme sans risque cet automne, il sera indispensable de réserver les meilleures récoltes, de les trier et de les traiter.


Ludovic Dedieu