Groupe DEPHY Polyculture Elevage : coûts des fourrages et méteils

Coûts des fourrages : chiffrer pour choisir
Un travail de fond a été réalisé au sein du groupe DEPHY pour calculer les coûts des différents fourrages produits sur les exploitations du groupe. L’objectif était d’estimer un coût en euros par tonne de matière sèche produite afin d’orienter les stratégies fourragères de chaque exploitation, et continuer à développer le pâturage, qui restera le fourrage le plus économique.
Pour ces calculs, les coûts d’implantation (semence, mécanisation…), la durée d’implantation, la fertilisation et la mécanisation de récolte ont été pris en compte. Les charges de fermage et les aides PAC ne rentrent pas dans ce calcul, mais pourraient être pertinentes également. Les coûts de mécanisation ont été pris sur le référentiel national APCA de 2017 et sur les données des agriculteurs, les coûts de semence et d’engrais sur des bases de données régionales.
Pour les méteils fourragers en production de bovins viande, le coût à la tonne est assez faible car le rendement est important (récolte de fin mai en moyenne). La différence du coût de récolte en ensilage ou en enrubanné est d’autant plus importante car le nombre de balle est important à l’hectare
(pour un rendement de 9 tMS/ha, environ 75 €/tMS en enrubanné contre 50 €/tMS en ensilage). Concernant l’implantation, il faut compter en moyenne près de 300 €/ha pour un semis de méteil (en comptant de la fertilisation, qui correspond en grande partie à des apports de fumier ou de compost pour compenser les exportations importantes).
Hormis la récolte, les coûts de semences sont difficiles à réduire sur des méteils, car en dehors des céréales fermières, les vesces et les pois fourragers sont difficiles à produire sur une exploitation et l’achat de semences certifiées est souvent plus intéressant. Sur l’implantation, le méteil fourrager se comporte très bien en semis direct ou en Techniques Culturales Simplifiées, la complémentarité céréales – légumineuses et son fort pouvoir d’étouffement des adventices est un atout dans ce sens.
Semis direct | Travail du sol | TCS |
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Cover crop - 40 €/ha | Cover crop – 40 €/ha | |
Déchaumeur / Vibroculteur - 30 €/ha | Epandeur d’engrais (semis) – 15 €/ha | |
Semis direct - 60 €/ha | Semis combiné Herse rotative - 60 €/ha | Déchaumeur à disques – 30 €/ha |
Rouleau 15 €/ha | ||
TOTAL = 60 €/ha | 130 €/ha | 100 €/ha |
Les charges d'implantation sont plus élevées pour les fourrages annuels que les pluri-annuels, pour lesquels les charges sont diluées (remarquer que pour les prairies temporaires qui restent 3 ans en moyenne sur le groupe contre 5 ans pour les luzernes, les coûts sont plus élevés).
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Enchaînement Sorgho fourrager – méteil
Mis en place depuis 2 ans au GAEC du Pic (Mirepoix), cet enchaînement est très intéressant pour produire des volumes de fourrages importants sans recours aux produits phytosanitaires.
Après 2 coupes de sorgho fourrager associé à des légumineuses, un méteil a été semé à 160 kg/ha (80 kg/ha de triticale, 20 kg/ha d’avoine, 25 kg/ha de pois fourrager, 20 kg/ ha de vesce et 15 kg/ha de féverole) en semis direct au Sulky Unidrill. 15 t/ha de fumier de bovin ont été apportées juste après le semis du méteil, et 4 kg/ha d’anti-limaces ont été appliqués (limaces souvent plus présentes en semis direct qu’en travail du sol).
Dès les premières gelées le sorgho a grillé et a laissé la place au méteil.
Plusieurs associations de légumineuses avaient été semées avec le sorgho fourrager : trèfle de Perse, trèfle incarnat, Vesce commune et velue, pois fourrager…
Ces légumineuses étaient peu présentes lors de la première coupe de sorgho mais apportent un plus sur la seconde pousse. Les espèces les plus intéressantes étaient le trèfle de Perse et d’Alexandrie et la vesce velue.
Ces espèces ont passé l’hiver (malgré leur caractère plutôt gélif) et la vesce velue s’est massivement développée dans le méteil (+1,5 tMS/ha de méteil sur la bande par rapport au reste du champ).
A réutiliser dans les futurs couverts d’été en vue de méteil !
A retenir • Semis direct de méteil dans de bonnes conditions après sorgho fourrager ou sarrasin |
Txomin Elosegui
Conseiller agronomie