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CLÔTURE DE CLIM'AGIL : les éleveurs engagés dans l'adaptation au changement climatique

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Les températures étaient au rendez-vous pour le séminaire de clôture du projet CLIM’AGIL le 18 et 19 mai, au Lycée agricole de Pamiers.

Avec plus de 33°C, nous avons atteint des records de chaleur et de sècheresse pour un mois de mai. Dans ce contexte, la pertinence des objectifs du projet CLIM’AGIL coule de source : il faut s’adapter au changement climatique. Avec +1.5°C en un siècle, les modifications sont en cours et c’est maintenant que nous devons y penser ! Dans les Pyrénées Ariègeoises, dans les Hautes Pyrénées mais également du côté Espagnol en Catalogne et dans le Pays Basque, nos agricultures s’adaptent et conçoivent des stratégies pour être plus résilientes. Nos structures : la Chambre d’agriculture de l’Ariège, des Hautes Pyrénées, Abere et Agroterritori, les suivent et les accompagnent au travers du projet CLIM’AGIL.

Parmi les résultats notables du projet : un réseau de stations météorologiques, permettant d’observer l’évolution du climat et d’avoir plus de réactivité face aux aléas, a été mis en place. Des projections climatiques sur le siècle à venir ont été réalisées localement et permettent de mieux appréhender les changements à venir et les impacts sur nos systèmes de production. Plus de 25 pratiques d’adaptations mises en place par des exploitations ont été suivies et accompagnées. Parmi elles, l’introduction d’arbres fourragers (muriers blancs), de sorgho et méteils pour renforcer l’autonomie alimentaire, le pâturage tournant dynamique, le sylvopastoralisme et la valorisation des estives, ainsi que l’adaptation des bâtiments d’élevage pour limiter le stress thermique des animaux et les pertes de production.

Des adaptations qui, comme on peut le voir, prendront parfois du temps à se mettre en place et à donner les résultats escomptés : se mettre au « temps de l’arbre », investir sur du séchage en grange, reconcevoir son système. Aussi, si les conditions climatiques actuelles permettent encore de tirer son épingle du jeu, c’est maintenant qu’il faut s’adapter pour réussir une transition sans douleur.

Les quatre structures partenaires du projet ont communiqué massivement sur les projections et ces pratiques techniques. Plus de 800 producteurs ont été sensibilisés via des ateliers de projections climatiques et de vulnérabilité des exploitations, des rencontres techniques (mise à l’herbe, mélanges prairiaux résistants), des expositions (salon de Tarbes), des voyages d’études, des fiches techniques, jeux sérieux et sites internet, touchant à la fois les agriculteurs et les conseillers.

Concernant l’accompagnement au changement de pratiques, le projet CLIM'AGIL a développé une méthode d’accompagnement reposant sur des outils et différents supports. Un diagnostic individuel de vulnérabilité de l’exploitation est proposé. Il se base sur les projections climatiques localisées dans un rayon de 8 km de l’exploitation et sur le système d’exploitation actuel. Différentes sorties permettent d’évaluer la production fourragère future, le temps de travail, les charges, les périodes de stress thermique et les variations de niveaux de production. A l’issue du diagnostic, différentes pratiques permettant de limiter les impacts et d’adapter son exploitation sont proposées à l’agriculteur en s’appuyant sur des fiches supports. Des simulations via un jeu sérieux et des visites d’exploitations mettant en œuvre ses pratiques peuvent être organisées.  

Lors du séminaire, de nombreux partenaires, experts techniques, représentants de divers projets (AP3C, CLIMACOACH, BATCOOL) et administration étaient présents et ont pu échanger sur différentes thématiques lors d’une table ronde, afin d’élargir le débat. Ressort de ces échanges, l’intérêt d’observer le climat via les stations, la prise en compte de ces données dans la réalisation des projections ainsi que la nécessité de mieux mutualiser les connaissances à travers des plateformes d’échanges. Concernant les pratiques d’adaptation, il ne peut y avoir de solutions clés en main. Il s’agit plutôt de combinaisons de leviers, propres à chaque territoire. Mais attention ces solutions ne doivent pas être apportées trop tôt si les agriculteurs n’en ont pas encore besoin, il faut les bonnes pratiques au bon moment. Pour les développer et les diffuser, un aller-retour entre expérimentation et terrain est nécessaire ainsi que des démarches individuelles et collectives. Pour accompagner leur mise en place, la réglementation doit être réactive. Enfin, au niveau Régional, la Chambre d'agriculture Occitanie travaille à l’élaboration d’un plan d’action de l’adaptation et de l’atténuation du changement climatique. Une belle occasion pour les partenaires du projet CLIM'AGIL de proposer et de mutualiser leur travail sur la stratégie d’adaptation au niveau de leur territoire.

Pour terminer la journée les participants ont proposé et décrit différentes stratégies et leviers permettant de mieux s’adapter au changement. Des éléments et pistes de réflexions nouvelles ont été évoquées : re-ouvrir les milieux, les zones de friches, travailler sur l’autonomie alimentaire pour être indépendant face au marché en valorisant les ressources locales et améliorer l’accès à l’eau. Des questionnements et approches nouvelles qu’il faut également avoir : consommer de la viande de manière saisonnière en fonction des périodes d’engraissement, consommer une viande rosé et communiquer auprès des consommateurs, développer les races rustiques, revoir les tailles de cheptel à la baisse et diversifier ses productions.

Trois mots-clés que Christelle Record, élue à la Chambre d’agriculture de l’Ariège, souhaite faire ressortir de cette journée : HISTOIRE, RESILIENCE et ENSEMBLE. Nous devons retrouver un équilibre, se pencher sur la trajectoire de notre agriculture. Nous devons nous adapter, rien n’est figé et nous devons faire bouger les règles. Ceci nous devons le faire ensemble, de manière collective. Le projet fixera une feuille de route, qui sera validée par les élus pour continuer le travail sur cette problématique.

JOURNÉE DU 19 MAI : DES EXPLOITATIONS QUI S'ADAPTENT

Le 19 mai, les participants au séminaire ont été invités à visiter des exploitations ariègeoises mettant en place des pratiques leur permettant d’être plus résilientes au changement climatique.

L’exploitation du Lycée agricole Pamiers a mis en place 13 ha en agroforesterie et recherche l’autonomie alimentaire de son troupeau bovin via la culture de soja (soja toasté). Son bâtiment d’élevage est ventilé et permet de limiter les périodes de stress thermique des animaux. Enfin une station météo installée dans le cadre de CLIM’AGIL permet de piloter l’irrigation et la pousse de l’herbe.

Près de Mirepoix, Brice Bousquet recherche aussi l’autonomie alimentaire de son troupeau et l’accès à des fourrages verts en période estivale. Il pratique le pâturage tournant dynamique, implante des sorghos et des méteils.

A quelques kilomètres de là, Marcel Authier, également éleveur bovins , a implanté sur son exploitation des muriers blancs, arbres fourragers qui lui permettent d’avoir en été un fourrage vert pour ses animaux quand ses prairies ne poussent quasiment plus. Ses parcs en pâturage tournant dynamique sont séparés par des haies et il améliore ses prairies avec des espèces adaptées aux sécheresses.

Des exploitations qui s’adaptent en recherchant l’autonomie alimentaire via la diversification des ressources, la complémentarité « arbre-prairie » et l’optimisation des pratiques de pâturage.