Bilan de la campagne d'irrigation 2023
L’hiver 2022-2023 a été relativement doux, avec des températures au-dessus des moyennes, et surtout des précipitations faibles, particulièrement en février (plus faibles précipitations mesurées depuis 2005 à Montaut). Les mois d’avril, mai et juin auront été en revanche plus pluvieux que les années précédentes, avec à Montaut plus du double de pluies en juin par rapport à la moyenne 2005-2019.
Après un mois de juillet moyen, la fin de l’été et le début de l’automne auront été marqués par une sécheresse certaine et des températures élevées.
Les déficits hydriques ont donc été bien moins importants qu’en 2022. Seuls les mois d’août (déficits proches de 2022) mais surtout septembre et octobre ont connu des déficits importants et anormaux.
Avec de telles conditions météo hivernales et un faible niveau des retenues de Montbel et Mondély au début du printemps, les représentants de la profession agricoles se sont mobilisés et ont proposé une limitation conséquente des volumes attribués pour l’irrigation estivale, soit 50 % des volumes attribués habituellement avec les ratios de l’OUGC Ariège (volumes alloués à l’hectare selon les cultures et les types de sols). Avec les pluies du printemps 2023, cette limitation a été ramenée à 60% de ces volumes attribués calculés par l’OUGC Ariège.
Néanmoins, les restrictions d’irrigation (interdictions d’irriguer journalières pour les grandes cultures et les prairies, interdictions horaires pour les autres cultures) ont tout de même été prises durant la campagne, le risque de défaillance de Montbel et Mondély étant important en début d’été : avec des retenues remplies respectivement à 69 % et 57 % début juillet, le risque de ne pas pouvoir assurer la compensation de l’irrigation et le soutien d’étiage jusqu’à la fin de la campagne au 31 octobre étaient alors trop important.
Avec ces réductions des volumes disponibles, des modifications d’assolement (notamment en maïs semences avec 30% de réduction des surfaces par rapport à 2022) et une météo pluvieuse en juin et juillet, les consommations pour l’irrigation auront été bien moindres qu’en 2022 à l’échelle de la vallée de l’Ariège.
Conseil technique : l’accompagnement de la Chambre d’Agriculture de l’Ariège
Comme chaque année, la Chambre d’Agriculture de l’Ariège accompagne les irrigants à travers un conseil technique basé sur un réseau de parcelles de référence. Ces parcelles sont équipées de sondes tensiométriques et capacitives, mesurant l’état hydrique des sols, et bénéficient d’un suivi approfondi. Ces sondes sont donc des outils d’aide à la décision permettant ainsi un pilotage de l’irrigation.
Réparties sur l’ensemble du département de l’Ariège, mais aussi en Haute-Garonne et dans l’Aude sur le périmètre de l’OUGC Ariège, ces parcelles concernent la majorité des cultures irriguées, aussi bien en grandes cultures (maïs conso, maïs semences, maïs fourrage, soja, sorgho), qu’en légumes (tomates, poivrons sous abri, pomme de terre de plein-champ) et en arboriculture (pommiers).
En 2023, Baptiste Ruffat, étudiant à l’école d’ingénieurs de Purpan, a travaillé sur ces suivis et le conseil irrigation dans le cadre d’un stage de 3 mois.
Par ailleurs, depuis plusieurs années désormais, la Chambre d’Agriculture de l’Ariège travaille en étroite collaboration avec l’association Bio Ariège Garonne sur l’irrigation des légumes sous abri comme la tomate, l’aubergine, le poivron, mais également sur la fertilisation en AB.
Enfin, dans le cadre du groupe ECOPHYTO 30.000 Arbo Ariège Aude, l’irrigation de 2 parcelles de pommiers a été suivie de 2021 à 2023.
Nous bénéficions ainsi de nombreux retours d’expérience et d’une bonne expertise sur le pilotage de l’irrigation via les sondes.
A court terme, la Chambre d’Agriculture de l’Ariège va progressivement intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans son conseil technique sur l’irrigation, en partenariat avec le réseau des chambres d’agriculture et les instituts techniques.
Etat de la ressource en eau : remplissage des retenues d’irrigation au 11 décembre
En ce début de la campagne de remplissage, démarrée le 1er novembre, les principales retenues destinées à l’irrigation sont à des niveaux modérément bas, supérieurs toutefois à ce qu’ils étaient il y a un an. Même si les consommations estivales 2023 ont été réduites suite aux restrictions d’une part mais également grâce à une réduction des surfaces irriguées et une météo plus favorables, la sécheresse de septembre et d’octobre aura aussi eu un impact sur ces ressources.
Comme l’année dernière, les perspectives de remplissage pour 2024 restent incertaines suspendues au remplissage hivernal à venir. La retenue de Filheit tire toutefois son épingle du jeu grâce au pompage hivernal dans l’Arize en amont du Mas d’Azil, qui assure un remplissage optimal chaque année, comme on a pu le constater à nouveau en 2023 malgré un faible niveau en début d’année.
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Pour toutes infos complémentaires :
Stanislas Poudou
stanislas.poudou@ariege.chambagri.fr