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Voyage d'études Agronomie 2018 dans le Sud-Ouest : le maïs dans tous ses états

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Pendant trois jours, agriculteurs et conseillers sont allés à la rencontre de leurs homologues et instituts techniques dans le Sud-Ouest. Une occasion unique pour s'ouvrir à de nouvelles pratiques.

Pour la 3ème année consécutive, l’équipe Agronomie de la Chambre d’agriculture de l’Ariège a proposé un voyage d’étude du 14 au 16 mars autour des techniques culturales innovantes en grandes cultures.

Après la région PACA et l’Auvergne, en 2018 le Sud-Ouest était à l’honneur autour d’une des productions principales du secteur : le maïs. 6 agriculteurs et 4 techniciens ont fait partie du voyage, organisé autour de rencontres d’agriculteurs, de visites de stations expérimentales, d’échanges et de convivialité.

Rencontre avec Agro d’Oc : semer du maïs à 40 cm d’écartement ?


Pratiqué depuis 4-5 ans chez certains adhérents d’Agro d’Oc, le semis du maïs à 40 cm d’écartement présente des avantages notoires. Les gains de rendements mesurés vont de 6-7 quintaux/ha en travail du sol à 13 quintaux/ha en semis direct, avec une couverture du sol plus rapide qui diminue la pression d’adventices. La récolte peut se faire avec des becs cueilleurs à 80 cm d’écartement, en prenant 2 rangs à chaque passage, en coupant les pieds de maïs assez haut pour ne pas les coucher (la récolte est tout de même plus lente). Le choix d’une variété de maïs à port dressé est important pour le semis à 40 cm. Au semis, le débit de chantier est diminué du fait du plus faible écartement et l’investissement dans un semoir spécifique à 40 cm d’écartement peut représenter un frein.

Des problèmes d’érosion éolienne appelés « vents de sable »

Rencontre avec Alain Labat (40)

M. Labat est passé en non labour en 2008 et depuis 2012, il implante la majorité de sa surface de maïs en Strip-Till. Très satisfait de cette technique, M. Labat a mis en place avec la coopérative Maïsadour une expérimentation de 3 ans sur l’implantation du maïs sous couvert permanent de trèfle blanc nain. L’objectif était de couvrir le sol au maximum, d’avoir un couvert végétal déjà implanté à la récolte du maïs et d’apporter de l’azote supplémentaire dans le système via la légumineuse pérenne.

Les 3 ans d’expérimentation ont montré que la technique est encore difficile à maîtriser pour plusieurs raisons : difficultés techniques pour semer le maïs dans le couvert de trèfle (2 passages de strip-till nécessaires), forte concurrence pour l’eau exercée par le trèfle en juin (pilotage de l’irrigation à anticiper), salissement complexe à maîtriser tout en maintenant le trèfle vivant… Malgré ces points techniques, le rendement final était légèrement inférieur en présence du trèfle ( - 5 quintaux/ha), il s’agit donc d’une technique à suivre pour les prochaines années.
Concernant la technique du strip-till, très adaptée au maïs, Alain Labat insiste sur le besoin de localiser la fertilisation sur le rang avec le strip-till et le semoir, en fumure de fond P et K ainsi qu’en azote.

Vers l’Agriculture Biologique de Conservation

Rencontre avec Félix Noblia (64)

Après avoir repris la ferme de son oncle en 2008, Félix Noblia a profondément modifié son système d’exploitation en mettant en place des rotations, des couverts végétaux et du semis direct. Eleveur de vaches Red Angus (le troupeau historique de Blondes d’Aquitaine a été fortement réduit), il est aujourd’hui en conversion à l’Agriculture Biologique (Bio à partir du 1er mai 2018) et met en place de nombreuses expérimentations sur son exploitation pour réussir le semis direct en AB.

En semis direct et en AB, la problématique principale est la course contre les adventices car aucun rattrapage chimique ni mécanique n'est possible. Les dates de semis des différents couverts végétaux et cultures et les modes de destruction mécanique des couverts sont très importants. Par exemple, le broyage d’un couvert de sorgho fourrager laissera des résidus moins longtemps au sol et fera moins concurrence aux adventices qu’un couvert de sorgho roulé qui se décomposera plus lentement. D’autres essais sont réalisés sur le semis à la volée dans les cultures et l’enrobage de graines, de manière à ce qu’elles germent mieux et prennent la place des adventices avant même la récolte de la culture précédente. De plus, Félix Noblia compte faucher et andainer les cultures une semaine avant la récolte pour faciliter une récolte de qualité et éviter des graines d’adventices supplémentaires. En mettant en place ces pratiques, qui sont en cours d’amélioration continue, le système a été désintensifié dans son ensemble, chose qui est compensée par une meilleure valorisation des produits de l’exploitation.

Concevoir de nouveaux systèmes de culture
Plateforme SYPPRE Béarn

L’objectif des plateformes Syppre (Arvalis – Institut du Végétal) est de tester ces nouvelles rotations et de caractériser les résultats techniques et économiques. Dans la plaine de Pau, à Montardon (64), plusieurs rotations sont testées depuis 2017 en comparaison à la monoculture de maïs avec mulchage :
❚ maïs / soja avec couverts végétaux
❚ monoculture de maïs avec couverts végétaux
❚ monoculture de maïs sous couvert permanent de trèfle
❚ Maïs / Orge d’hiver / Soja en dérobé / Blé tendre / CIVE (Couvert d'Interculture à Vocation Énergétique, valorisée dans une unité de méthanisation).

Concernant les premiers retours, la faisabilité des cultures dérobées dans le Sud-Ouest a de nouveau été démontrée, avec des rendements 70 qtx/ha d’orge d’hiver suivi de 30 qtx/ha de soja par exemple. Les dérobées fourragères valorisées en unité de méthanisation sont également intéressantes avec des productions de 7 tonnes de matière sèche/ha avec de l’avoine d’hiver, en interculture de deux maïs grain.

A suivre sur les 10 années de projet de la plateforme !

Vu dans le nord des Landes :

Des troupeaux entiers de vaches (Blondes d’Aquitaine majoritairement) pâturent des couverts végétaux implantés à l’automne après maïs dans de grandes parcelles sous pivot.

Ces animaux proviennent d’élevages du piémont pyrénéen qui profitent des couverts végétaux des céréaliers en hiver et des estives de montagnes en été.

Un échange gagnant entre céréaliers et éleveurs : du fourrage à bas coût pour l’éleveur, et des couverts plus faciles à gérer et de la fertilité organique pour le céréalier !

Dossier réalisé par Txomin Elosegui