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Vers l’Agriculture Biologique de Conservation : intervention de Frédéric THOMAS

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Retour sur la journée dédiée à l'Agriculture Biologique de Conservation avec l'intervention de Frédéric Thomas au Carla Bayle et à Sieuras

12 Décembre 2018 en Ariège


130 agriculteurs et techniciens étaient présents au Carla Bayle et à Sieuras pour assister à l’intervention de Frédéric THOMAS sur l’Agriculture Biologique de Conservation. La participation des agriculteurs ariégeois et des départements limitrophes, qu’ils soient bios ou conventionnels, montre l’intérêt grandissant de ces techniques agricoles innovantes.

Après une matinée d'exposés et de témoignages d'agriculteurs ariégeois, l'après-midi s'est déroulée sur le terrain avec l'observation et l'analyse de 3 profils de sols ouverts dans des parcelles de l'exploitation du GAEC d'Icart.

« Produire et recycler le maximum de biomasse diversifiée »

La mise en place d’une rotation diversifiée, l’implantation de couverts végétaux et la réduction voire le non-travail du sol sont les grands principes de l’Agriculture de Conservation des Sols. Plus spécifiquement en ABC, l’absence d’engrais de synthèse pousse d’autant plus à augmenter la production de biomasse afin de maintenir une fertilité biologique importante dans les sols. Plus les sols seront couverts avec des couverts végétaux mais aussi des cultures plus la photosynthèse sera maximisée et la biomasse produite importante.

Rotation 2/2 ou 3/3 : « choisir son salissement »

La rotation 2/2 ou même 3/3 est extrêmement performante sur la maîtrise du salissement : le principe est d’enchaîner 2 cultures d’été qui succèdent à 2 cultures d’hiver, voire 3 cultures d’été puis 3 cultures d’hiver.
Ce type de rotation permet de sélectionner volontairement un type de flore : après 2 ou 3 ans de cultures d’hiver, une flore « hiver » sera sélectionnée, ce qui permettra de réaliser des cultures d’été avec une faible pression d’adventices estivales, et vice-versa. En « choisissant » son salissement, des implantations de cultures en semis direct en AB peuvent se faire : sorgho, soja, puis semis direct de blé tendre par exemple, sans provoquer de relevées d’adventices.

En ABC, plus qu’en Agriculture de Conservation ou qu’en Agriculture Biologique, l’anticipation du salissement et son suivi sur la durée est nécessaire !


 

Sols argileux : attention aux structures au printemps !

Problème très répandu dans l’ensemble du Sud-Ouest, les préparations de semis au printemps dans les coteaux argileux dégradent fortement les structures, parfois malgré la présence de couverts végétaux performants. Avec plusieurs passages d’outils lourds, les sols se compactent et ne garantissent pas un enracinement optimal pour la culture. 
Sur les profils visités lors de la journée du  12 décembre, la structure du sol était très marquée par la préparation du semis du printemps 2018 sur une parcelle de soja : les racines de sojas partaient à l’horizontale à 5 cm de profondeur (passage du déchaumeur à disques en conditions humides au printemps). 

 


Lecture de profil et conseils d’itinéraires techniques avec Frédéric THOMAS :

Parcelle 1

Précédents : Epeautre (2017) – Semis de trèfle blanc à 3 kg/ha (automne 2017) – 4 broyages

Culture : Blé type « ancien » semé à 200 kg/ha au 20/10/2018.

Travail du sol : Semis direct au John Deere 750A

  1. Aucun vers de terre dans le profil, peu de traces d’activité biologique : ce sol manque de nourriture, de biomasse à digérer pour activer le recyclage de la fertilité dans le sol.
     
  2. Couverture de trèfle blanc : très positif, on produit de la biomasse, on réinsère du carbone dans le système. Par contre, le trèfle ne fournit presque pas d’azote au blé tant qu’il n’est pas détruit. 
     
  3. Pour que le blé ait une chance de se développer, il aurait fallu le semer plus tôt pour qu’il profite de la minéralisation d’automne pour capter de l’azote. Dans ces conditions, il risque fortement de disparaître sous le trèfle, qui laisse très peu d’azote disponible dans le sol quand il est installé. 
    A refaire, il faudrait scalper le trèfle avant semis pour l’affaiblir et semer la céréale plus précocement. Un broyage serait inutile car le trèfle repartirait de suite.

 

Parcelle 2

Précédents : Maïs grain (2016) - Orge semée en SD (2017) – Couvert de pois fourrager féverole semé en TCS à 200kg/ha – Destruction du couvert au déchaumeur Catros, implantation tardive de soja (début juillet, non récolté) à cause de la météo.

Culture : Seigle fourrager semé à 200kg/ha le 15/11/2018, pour multiplication de semence.

Travail du sol : Semis direct au John Deere 750A.

  1. Bon exemple de l’adaptation de la rotation en fonction du salissement : le seigle a été semé en direct dans les résidus de soja, les quelques adventices encore présentes sont des adventices estivales qui seront détruites au premier gel et ne pénaliseront pas le seigle. Sans travail du sol, aucune levée d’adventices d’hiver n’a été provoquée.
     
  2. La structure du sol est très marquée par la préparation du semis du printemps 2018 : les racines de soja partent à l’horizontale à 5 cm de profondeur (passage du déchaumeur à disques en conditions humides) : le développement du soja ne peut pas être optimum dans ces conditions. Malgré la présence d’un couvert végétal hivernal performant, la structure n’est pas garantie au printemps avec plusieurs passages d’outils lourds.
     
  3. Organiser son couvert végétal dans les sols argileux : semer des bandes de graminées sur les futurs passages de roues pour anticiper les passages au printemps. Les graminées arriveront à mieux préserver la structure.

 

Parcelle 3

Précédents : Couvert de triticale/avoine – soja (2017) – semis direct au John Deere 750A de blé féverole (150 kg/ha de blé – 60 kg/ha de féverole).

Culture : Couvert végétal de phacélie (6kg/ha) et radis fourrager (6kg/ha) semé le 25/09/2018 et repousses de blé et féverole. 

Travail du sol : Cultivateur (12-15 cm) et au déchaumeur à disques (6 cm), semis à la herse étrille munie d’un semoir petites graines.

  1. Couvert bien implanté, surtout la phacélie : racines présentes déjà à 50-60 cm de profondeur. Le radis est moins développé à cause des attaques d’altises. Le couvert sera certainement bien développé au printemps et la biomasse importante !
     
  2. Pour gérer le couvert au printemps, passer le strip-till (sans la dent), en surface pour préparer le lit de semence et apporter de l’engrais organique en localisé : le couvert pour se développer a prélevé une grande partie de la fertilité du sol, la culture implantée au printemps aura besoin de fertilité localisée avant que la minéralisation prenne le relai par la suite. En concentrant la fertilité de la sorte sur le rang, un risque de salissement important est à prendre en compte pour la culture suivante.
     
  3. Le couvert pourra être détruit au rouleau, la phacélie, la féverole et le radis se détruisent bien mécaniquement. Concernant les céréales, elles ne seront certainement pas ou peu développées du fait de la concurrence de la phacélie notamment.
     
  4. La phacélie se décomposant très vite, un binage sera possible sur l’inter-rang malgré les résidus présents au sol.

     

      
Parcelle 1                                   Parcelle 2                                       Parcelle 3  
 



Couverts d’été : préconisations pour réussir les semis

 

L’implantation du couvert d’été est technique du fait du  manque d’eau et de fertilité après une culture d’hiver comme un blé.
Pour éviter ces 2 facteurs limitants, plusieurs points de vigilance :

  • Utiliser des semoirs à dents pour poser la graine sous la paille sans pincer de paille dans le sillon et ainsi garantir la bonne germination des graines. 
     
  • Faucher la paille haute à la moisson (40-50 cm de haut) : moins de résidus au sol donc un semis facilité, un pare-vent supplémentaire qui maintient l’humidité au sol pour  la levée.  Pour les crucifères, la hauteur de paille jouerait également sur de la confusion par rapport aux attaques d’altises.
     
  • Semer le plus rapidement possible après la moisson (le jour même ou le lendemain). Par exemple, certaines CUMA s’organisent pour préparer les mélanges de semences de couverts végétaux ensemble, et certaines vont même jusqu’à avoir un tracteur, un semoir à dents et un ouvrier en commun qui s’occupe de semer tous les couverts estivaux de la CUMA !
    Si le chaume n’est pas propre, notamment en AB, un scalpage avant semis peut être nécessaire : si les adventices sont déjà installées au semis direct du couvert, ce sont les adventices qui prendront le dessus. L’été est d’ailleurs le meilleur moment pour réaliser un scalpage.

 


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