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Comment gérer le pâturage en été ?

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Avec une période estivale plus chaude et sèche, la pousse de l’herbe ralentit voire s’arrête sur certaines zones du département. C’est dans ces conditions que la plante souffre le plus si les pratiques ne sont pas adaptées. Les prairies ont une capacité de régénération étonnante, même avec des talles qui semblent grillées, à condition de ne pas surpâturer, c’est-à-dire faire raser en dessous de 5 à 6 cm (hauteur talon). Les feuilles, même sèches, protègent efficacement le sol contre la montée en température en plein soleil par leur ombrage et leur effet isolant et préservent efficacement les systèmes racinaires de la chaleur. Elles limiteront aussi la levée de mauvaises herbes lorsque la pluie permettra la pousse de l’herbe. Ne pas faire raser permet surtout de préserver les réserves accumulées dans le bas de la tige et dans les racines. Un surpâturage va obliger la plante à puiser des réserves dans le système racinaire qui va régresser et remonter à la surface sans avoir le temps de se régénérer (voir illustration), ce qui peut en condition estivale sèche détruire la prairie.


Gérer Les refus pour assurer la pérennité de la prairie

La végétation non pâturée entre dans un cercle vicieux, puisqu’elle aura durcit et sera encore moins appétente lors des cycles de repousse suivants, voire aura eu le temps de grainer, ce qui est problématique si ce sont des espèces indésirables.
Plusieurs solutions sont envisageables.
➠ Faire passer un « troupeau nettoyeur » d'animaux à faibles besoins après le troupeau principal pour valoriser cette herbe de moindre valeur. Attention toutefois : ce « 2ème troupeau », pour des questions de gestion de parasitisme, ne doit pas être constitué de jeunes en 1ère saison de pâturage ; il est en effet souhaitable pour ces derniers de privilégier l’utilisation de parcelles qui n’ont pas encore été utilisées par des adultes ou des animaux de 2ème saison.
➠ Il est également possible d'éliminer les refus mécaniquement, notamment sur les parcelles où ils sont importants. Broyage ou fauche, les 2 techniques conviennent, nivelant la végétation et permettant son bon redémarrage.

Le broyeur effectue une coupe avec lacération qui facilite la décomposition des résidus (1-2 cm, répartis de façon homogène). Avantage : cette lacération pénalise la repousser des adventices indésirables telles que chardons et rumex (mais aussi celle des bonnes espèces). Il demande une puissance de traction de 100 cv pour une vitesse de travail de 1,5 ha/h pour un broyeur horizontal de 3m à un coût de 24 €/ha(hors main d’œuvre). Le broyage convient aux endroits où il y a peu de refus.

La fauche permet une coupe nette qui est plus favorable au redémarrage du couvert en place. Elle permet soit d’exporter le fourrage, soit de le faire consommer sur place après  1 j de séchage. La vitesse de travail (1,8 ha/h) et la puissance de traction (80 cv) pour une faucheuse rotative de 3m en font un outil plus économe que le broyeur (20 €/ha). La fauche convient là où les refus sont plus denses.
Quel que soit l'outil, il faut intervenir rapidement après la sortie des animaux (idéalement le jour même) et de ne pas couper en dessous de 6 - 8 cm de hauteur d’herbe résiduelle. Une coupe plus courte aura pour effet de pénaliser la repousse des graminées, par élimination des nouvelles feuilles, voire par atteinte du plateau de tallage. Autre effet collatéral d'une coupe trop rase (valable d'ailleurs pour toute situation, pas seulement la gestion des refus) : elle favorise le salissement. En effet,  les bonnes espèces sont freinées, au profit des espèces comme le rumex qui stockent leurs réserves dans les racines et peuvent repartir plus rapidement après une coupe rase.

Si le broyage devient systématique plusieurs fois dans l’année, il est signe d’un problème de gestion des prairies. Il faut dans ce cas revoir la date de mise à l'herbe, la taille de ses parcs, ou/et adapter la taille du troupeau et la durée de pâturage (débrayage,….).

Quels leviers pour préserver ses prairies ?

❚ Ralentir le rythme de passage des animaux sur les parcelles en agrandissant les surfaces, en intégrant les regains tout en maintenant le pâturage tournant.
❚ Augmenter la complémentation ou l’affouragement
❚ En dernier recours, choisir une parcelle dégradée pour en faire une « parcelle parking », de préférence à l’ombre, pour affourager en restant vigilant sur l’abreuvement. Cette parcelle sera « sacrifiée « pour préserver les autres et pourra être rénovée. Ce choix permettra une repousse après les prochaines pluies. Le pâturage tournant pourra alors redémarrer en respectant un temps de séjour de moins de 6 jours sur les parcelles.
❚ Des cultures d’été peuvent être implantées. Les semis doivent être réalisés avec des conditions de pluviométrie suffisante. Le moha ou le millet associé au trèfle d’Alexandrie, ou bien le colza fourrager peuvent être des alternatives intéressantes pour un pacage septembre/octobre avant l’implantation de céréales ou méteils.

La hauteur d'herbe au talon de 7 cm doit être visée en sortie de parcelle

Fauche des regains

En période estivale, les sommes de températures ne sont plus un élément fiable pour suivre la pousse de l’herbe ; ce sont les précipitations qui influent d’avantage les repousses.

Néanmoins, il existe une relation directe entre la durée de vie des feuilles et les sommes de températures. Plus il fait chaud, plus le cycle végétatif s’accélère. Une feuille meurt à un cumul de 500° jours pour un RGA et à 800° jours pour le dactyle ou la fétuque. La traduction de ces cumuls en jours impose une fauche entre 40 et 60 jours après la première exploitation. Passé ce délai, la part de feuilles de graminées mortes augmente ainsi que les taux de cellulose et de lignine. Le fourrage risque d’être moins appétant, perd de sa digestibilité et sa teneur en  matière azotée totale (MAT = « protéines ») va diminuer.

Sébastien Petitprez

Programme réalisé avec le concours financier du CasDAR.