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Bois Paysan : forêt et élevage, le lien du pâturage en forêt

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Depuis quelques années des essais sont réalisés pour réintégrer le pâturage en forêt. Cette pratique fortement utilisée il y a longtemps a peu à peu décliné avec la séparation de la ressource forestière et de l’activité agricole. Aujourd’hui dans le contexte Ariégeois et, qui plus est, de changement climatique, la forêt des exploitations agricoles peut être un atout en termes de pâturage et bien-être animal.

Bien souvent, la forêt est uniquement utilisée comme zone de transit, ce qui soulève quelques questions techniques :

  •  quels peuplements ?
  •  quelles essences ?
  • quel itinéraire technique ?
  •  avec quelles modalités ?

En 2015, lorsque l´idée d´utilisation de la forêt en pâturage s´est présentée, de nombreux départements avaient déjà une forte experience sur la thématique. Cependant il s’agissait surtout de zones du pourtour méditerranéen. Le sylvopastoralisme ou pâturage en forêt étaient vu plus comme un outil d’entretien que comme une réelle valorisation fourragère couplée d’une production forestière.
Aujourd’hui nous disposons de nombreux résultats suite aux tests effectués sur les parcelles expérimentales du projet Agrosyl. Pourquoi cette expérimentation sur une pratique très ancienne? Pour savoir quelles étaient les bonnes proportions d’ouverture des peuplements d'atteindre l’équilibre entre le besoin en lumière et la nécessité de maintenir un couvert forestier.

A ce jour nous pouvons distinguer trois grands types de peuplements sur le département de l’Ariège appartenant aux exploitations agricoles :

  •  les forêts de coteaux : issues de la déprise agricole, suite à l’abandont des terres non mécanisables et souvent sur les sols les moins productifs et majoritairement composée de Chênes pubescents de faible valeur
  • les forêts de piémont : issues elles aussi de la déprise agricole mais sur des zones plus productives, composées de mélanges de feuillus divers avec du potentiel de production de bois d’oeuvre,
  • les forêts plantées ou presentes depuis plus de 120 ans : Ce sont des peuplements adultes où les volumes et les potentiels peuvent produire du bois d’oeuvre.

 

Pourquoi pâturer en forêt ?

Dans l´esprit général,  le bois se dissocie totalement des zones d’élevage. Les projections climatiques donnent le pas vers une tendance à la hausse des températures et donc une augmentation du stress des cheptels. L’abri que peut fournir le couvert forestier notamment en période estivale est non négligeable. Nous avons pu, au cours des quatre années de relevés du projet AGROSYL, déterminer qu’en été la température sous couvert forestier est inférieure de 4°c en moyenne comparée au plein soleil. De même, en hiver il fait plus doux d’environ 2°C en moyenne, et le ressenti lié à la protection face au vent décuple ce confort vis à vis du cheptel.
En outre, une corrélation entre le couvert forestier et la durée de productivité est à établir. Dans un contexte de coteaux secs et sur couvert ouvert à 30%, nous avons noté un rallongement de la disponibilité en ressource fourragère d’environ trois semaines. Ce décalage entre la pleine lumière et les zones forestières permettra à plus long terme d’intégrer les zones sylvopastorales dans les itinéraires techniques de pâturage.
De surcroît, il faut compter aussi, dans la ration alimentaire, la ressource ligneuse fourragère apportée par le sous-étage. Ce dernier, selon les peuplements ,peut aussi être source de diversité alimentaire.

Les risques pour la forêt  

On considère souvent qu’il est impossible de méler pâturage et régénération naturelle. En soit ce n’est pas faux. En effet, les semis de ligneux constituent une véritable banque alimentaire dans le cadre du sylvopastoralisme. Il faut donc garder à l’idée que le sylvopastoralisme à une double fonction :

  • améliorer les conditions de pâturage des cheptels
  • améliorer des peuplements forestiers ariégeois, qui pour la plupart n’ont jamais bénéficié d’intervention sylvicole.

Certains poseront donc la question de la possibilité de régénération naturelle des peuplements. Les jeunes pousses étant plus appétantes, il faudra avoir en tête de réaliser au bout d’un certain moment une mise en défens des parcelles aux cheptels et ce le temps que la régénération naturelle soit assurée.
Il est donc important d’intégrer le volet sylvopastoral dans la gestion forestière, afin de prendre en compte tous ces aspects d’éclaircies et de mise en défens, pour à la fois préserver le capital forestier et créer un capital fourrage.