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Miser sur la diversification des ateliers pour s'installer

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Rencontre avec Sophie François, jeune agricultrice à Mercus

"Ajouter un ou des ateliers complémentaires pour créer de la valeur ajoutée et développer le chiffre d’affaire"

Le contexte économique, financier et climatique dans lequel se trouve l’agriculture française laisse place à de plus en plus d’incertitude. Son évolution constante réinterroge fortement les stratégies de développement des exploitations agricoles et pousse  continuellement les agriculteurs à faire évoluer leur système d’exploitation.

Alors devons-nous nous tourner vers de nouvelles pistes ? Est-il nécessaire de chercher de nouvelles sources de revenus ? Se diversifier est-elle la solution pour certains projets d‘installation ?  Bien qu’il n’y ait pas de modèle unique pour s’installer, diversifier son activité agricole avec la mise en place d’un ou de plusieurs ateliers complémentaires peut être une opportunité d’installation et permettre ainsi une meilleure valorisation et rentabilité de ses produits.

Sophie François, jeune agricultrice récemment installée sur la commune de Mercus, a fait le choix en s’installant sur le GAEC familial de diversifier la production en y développant deux ateliers complémentaires. Retour en quelques lignes sur son parcours et son projet d’installation.

Quelles sont les caractéristiques de l’exploitation ?

L’exploitation familiale compte aujourd’hui un cheptel de 70 vaches allaitantes Gasconnes en système transhumant BIO sur une surface de 260 hectares. Le siège d’exploitation se situe sur la commune de Mercus.

Aujourd’hui nous commercialisons la majorité de notre production en vente directe sous forme de caissettes (livraison ou vente à la ferme) ainsi que chez un boucher pour une meilleure valorisation de nos produits. La vente directe a toujours fait partie intégrante de notre mode de fonctionnement ; développer les circuits courts, aller à la rencontre des consommateurs s’est toujours présenté comme une évidence. Mon installation va permettre d’accentuer ce lien de proximité avec le consommateur, de créer davantage de valeur ajoutée et de gagner en autonomie.

Quel est votre parcours et comment est né votre projet d’installation ?

Après avoir passé un BTS Production Animales dans l’Aine puis une licence, j’ai travaillé pendant 5 ans dans une coopérative agricole du Nord de la France en tant que commerciale. J’ai eu par la suite l’opportunité de travailler pendant près de 3 ans dans une coopérative agricole du département de l’Ariège.

Mon expérience dans le milieu agricole n’a fait que conforter mon souhait de m’installer et de développer ma propre activité agricole. C'est ensuite ma rencontre avec Corentin qui a concrétisé ce projet.

Dans quel contexte avez-vous pris la décision de diversifier la production ? Pourquoi avoir choisi cette orientation ?

Le système actuel de l’exploitation ne permettait pas l’installation d’une autre personne ; l’activité bovin viande à elle seule n’aurait pas permis de dégager une source de revenus suffisante pour 4 associés. Nous avons donc envisagé de diversifier l’activité bovin viande tout en conservant un mode de commercialisation en circuit court.

Ajouter un ou des ateliers complémentaires pour créer de la valeur ajoutée, développer le chiffre d’affaire, avoir une meilleure rentabilité et sécuriser davantage notre système par plusieurs sources de revenus faisait partie de nos objectifs premiers.
Un atelier volaille de chair et sapin de Noël bio en parallèle
A compter du mois de novembre un atelier de 1 840 poulets de chair et 240 pintades BIO en plein air sera mis en place.  Nous recevrons les poussins à un jour qui seront élevés puis abattus entre leurs 15ème et 18ème semaines de vie.
Sur l’année cela représente huit bandes de 260 individus avec un vide sanitaire de 15 jours entre chaque bande.  Les poulets et pintades seront abattus et découpés à la CUMA de Salles-sur-l’Hers ; l’intégralité de la production sera commercialisée sur les marchés.
La mise en place de l’atelier volaille est tout à fait compatible avec le système bovin viande actuel. Il nous permet de nous dégager du temps en période de vêlage ou de fauche et la régularité du produit volaille nous permettra d’être continuellement présents sur les marchés et donc de fidéliser notre future clientèle.
En parallèle, sur près de 1 ha de foncier va être implanté des sapins de Noel BIO. Les premiers plants seront implantés en février mars 2019. Créer cet atelier est une réelle opportunité pour valoriser une partie de nos surfaces qui jusqu’à aujourd’hui étaient difficilement exploitables.

Mon projet d’installation est avant tout un projet professionnel familial partagé par tous les membres du GAEC et qui n’aurait pas pu se concrétiser sans l’implication de chacun des associés. Une nouvelle organisation et répartition du travail a été mise en place. Une réflexion nécessaire pour une plus grande efficacité dans le travail et dans le temps.

Quelles sont les grandes phases de votre projet de diversification ?

Une des étapes incontournables à mon projet d’installation est sans aucun doute l’étude de marché. Quels produits proposer ? A quel prix ? Où vendre ? Qui seront mes clients ? Qui sont mes concurrents ? Je voulais identifier ce que l’on pouvait faire et comment ; trouver le type de diversification qui va de pair avec le potentiel de commercialisation et adapter mon offre de produits à la demande.

Développer des outils de communication est également un de mes principaux objectifs ; un site internet est en cours d’élaboration et des vidéos seront diffusées pour plus de visibilité auprès du consommateur. S’installer ne s’improvise pas ; s’informer, bien clarifier son projet d’installation  est primordial.

Je me suis également formée pour acquérir les compétences nécessaires à la gestion d’un atelier volailles mais aussi pour maîtriser tout l’aspect commercialisation et vente directe qui sont tout aussi importants que la technique pour le bon développement de notre exploitation agricole.

Historique de l’exploitation agricole

1991

Création de l’EARL avec l’installation de François Tourrent et Colette Bonnel (HCF) – 40 VA gasconnes sur 60 ha – système transhumant BIO + petit atelier porcs fermiers
Mode de commercialisation : vente directe (caissettes) – réseau de vente sur Toulouse

2013

Installation de Corentin Tourrent et création d’un GAEC en 2014 avec 3 associés (Corentin, François son père et Colette sa mère)

Augmentation du cheptel 70 VA – développement de la vente directe et vente aux maquignons pour une petite partie de la production

2018

Installation de Sophie François (HCF) et création du GAEC à 4 associés
Diversification de l'exploitation avec :
❚ un atelier de 1 840 poulets de chair et 240 pintades/an
❚ l'implantation d'un ha de sapins de Noël

Sophie Sire

Programme réalisé avec le concours financier du CasDAR