Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Toutes les actualités > Actualités Productions et techniques > Gestion des matières organiques : une filière locale se crée

Gestion des matières organiques : une filière locale se crée

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page
Des complémentarités évidentes entre acteurs du territoire

L’agriculture est à la fois productrice de matière organique (effluents d’élevage, résidus de culture) et consommatrice de ces derniers (fertilisation des sols, alimentation animale). En Ariège, l’élevage et les grandes cultures cohabitent. Toutefois, les grandes cultures se situent globalement au nord du département, dans la plaine et les coteaux et l’élevage plutôt au sud, en zone de montagne. Cette répartition induit un fort clivage en termes de stocks de matières organiques disponibles. Les élevages ont des excédents difficiles à valoriser en raison des fortes pentes alors que les céréaliers et maraîchers en sont déficitaires.

Se pose alors la question de la création d’une filière de gestion locale des matières organiques : effluents d’élevage, déchets verts, bois, déchets alimentaires ou boues de stations d’épuration sont à intégrer dans la réflexion. Des modes de valorisation de la matière organique et des infrastructures existent ou sont en projet sur le territoire, tels que des unités de compostage, de méthanisation ou des échanges paille-fumier. Or, les liens entre ces nombreux acteurs et projets sont rares. La Chambre d’agriculture travaille donc au développement d’une concertation entre les gestionnaires de matières organiques agricoles et non agricoles. Agriculteurs, coopératives, entreprises privées, collectivités, sont à intégrer afin de répondre au mieux aux besoins de chacun.

Des expérimentations de compostage de fumier s’organisent…

Dans ce cadre, après une concertation des acteurs du territoire ayant eu lieu en 2017, un état des lieux du gisement de l’offre et de la demande en fumier a été réalisé en 2018. Suite à ce travail, et afin de répondre en priorité aux attentes des éleveurs de montagne ayant du fumier en surplus, la Chambre d’agriculture a réalisé une cinquantaine d’enquêtes en 2019. Ces enquêtes chez les éleveurs ont permis de recueillir les données techniques nécessaires à l’organisation de la récupération du fumier (infrastructures de stockage, accessibilité par des camions ou présence de matériel de chargement) ainsi que leurs besoins en pailles et fourrages.

La phase de réalisation concrète d’opérations de valorisation du fumier nécessite les étapes suivantes, représentées sur le schéma (cf ci-dessous) !

 

 


En 2020, trois opérations de valorisation de ce type étaient prévues, chacune d’environ 900 tonnes de fumier dans trois zones géographiques : vallée de Vicdessos, vallées d’Ax et du Couserans. Cependant, des difficultés réglementaires et d’accès au foncier se sont présentées dans la recherche de plate-formes communales pour le dépôt du fumier, en plus du retardement causé par le Covid-19.
Des réflexions sont également en cours sur le paillage bois en substitution à la paille pour les éleveurs qui en manquent. Après validation des aspects réglementaires auprès des services de l'État, la Chambre d’agriculture
espère pouvoir réaliser ces opérations dès la sortie du fumier au printemps 2021.

Des subventions inégales en fonction des matières organiques

Un chiffrage économique des coûts des différents postes de ces opérations a été réalisé afin d’estimer leur faisabilité. Actuellement, l’acceptabilité financière des céréaliers pour du compost de fumier est estimée à 200 à 250 € par hectare (pour 10 tonnes par hectare), en lien avec le prix de vente du compost de boues et déchets verts par les coopératives. Mais contrairement au traitement des boues, la valorisation du fumier n’est pas subventionnée, il est donc pour lors difficile de proposer un prix aussi compétitif. Toutefois, au fur et à mesure que la logistique s’organise en évitant les trajets à vide et en associant des acteurs locaux divers, les coûts prévisionnels diminuent. Il faut aussi préciser que les composts de boues et les composts de fumier sont des produits aux propriétés différentes avec lesquelles les prix doivent être en cohérence.