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L’autonomie fourragère via le Mûrier Blanc en condition extrême

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Cette année Innov’Action a mis l’accent sur l’installation de Mûrier blanc sur une zone pédoclimatique défavorisée.

La commune du Fossat est localisée sur le nord du département de l’Ariège, dans une zone de coteaux très secs et très argileux.  Les conditions climatiques marquées (faibles pluviométries, fort vent d'Autan...) ont motivé le choix des membres du GAEC de la Réoule à planter des Mûriers blanc.
Plusieurs objectifs ont été définis pour cette plantation :

  • Faire baisser la température de la parcelle en utilisant l’ombre des arbres
  • Restructurer le sol grâce au travail des racines (pente moyenne 23%)
  • Apporter un fourrage pendant la période la plus critique : septembre/octobre.
     

En Mars 2021, 3000 plants de Mûrier blanc ont été installés. Les lignes de plantations ont été réalisées en courbes de niveaux espacées entre elles de 4.5m et les plants entre eux de 4.5m. Sur les 5 ha de la plantation, seul un coup de Schizel a été effectué afin de faire descendre les racines le plus profond possible, la forte pente ne permettant pas un travail plus conséquent.

Le premier été après la plantation, les mois de juin, juillet, août et septembre n’ont pas bénéficié des pluies qui pourtant étaient présentes sur le reste du département.

Le second élément néfaste pour la croissance de ces plants à l’été 2021 réside dans la quantité très conséquente des escargots présents sur les parcelles du GAEC.

     

Ces derniers, lors de l’été 2021, ont beaucoup attaqué les plants de Mûriers, allant jusqu’à anneler les tiges et donc dessécher les plants. Par chance, le Mûrier est rustique et repart du pied, mais ce dernier en repoussant subit à nouveau les  attaques des escargots.
 
Enfin dernier élément non négligeable que les jeunes plants ont dû affronter : les rats taupiers.
C’est pourquoi, dans le courant de l’année 2021/2022, de nombreux pieds ont vu leur racine principale rongée, affaiblissant fortement les plants.

Ces conditions accumulées montrent deux choses essentielles :

  • Le Mûrier est un arbre très rustique malgré les nombreuses attaques quelles qu’elles soient (extrêmes climatiques, animaux etc…)
  • Ce n’est pas une espèce miracle qui donnera de façon constante des résultats en dehors de l’ordinaire.
     

Dans ces conditions difficiles, comment peut-on aider ces plantations d’arbres afin que les plants puissent à moyens termes répondre aux attentes de l’éleveur ?

Aider les Mûriers à repartir

Dans le cadre des différents projets qui ont été menés sur les dernières années, nous avons pu voir que le Mûrier blanc réagit à la moindre pluie.
Dans un cadre de sauvetage, il convient donc de poser la question de l’irrigation sur une période limitée afin de favoriser la croissance des plants mais surtout de leurs racines!
Le choix a été fait  de réaliser un réseau d’irrigation au goutte à goutte pour environ 1500 pieds.

Le constat est impressionnant : avec une irrigation contrôlée à 2L par heure, pour chaque tour d’eau les Mûriers prennent en moyenne 5 à 10 cm. On compte par ailleurs une augmentation du nombre de branches et donc de feuilles.

L’objectif n’est en aucun cas d’irriguer constamment les plants, et l’irrigation sera retirée lorsque les plants auront atteint 1m50 globalement au bout de 3 ans.

Lutter contre les escargots

Le constat est le même partout : le prédateur principal du Mûrier blanc est le gastéropode. Friand des très jeunes feuilles mais aussi de l’écorce fine.

Ces derniers s’installent sur le plant jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien de comestible. Dans cette zone du département la sècheresse augmente la pression que les escargots appliquent à la végétation.

Il a donc été choisi de laisser pousser l’herbe entre les rangs afin de confondre les escargots et ne pas les laisser trouver les plants.

Une vraie réussite. Plus l’herbe est haute, moins il y a d’escargots dans la parcelle. Les plants peuvent donc croître sans être ralentis par un abroutissement conséquent. L’autre effet bénéfique de ce non broyage de la végétation est la modification du cortège floristique qui passe de 3 espèces à 8.
Attention toutefois, à l’automne lorsque les Mûriers n’ont plus de feuilles, il faut tout de même broyer la végétation de façon à ce qu’au printemps la parcelle soit tout de même utilisable par le cheptel.

Un petit coup de « pousse » à la croissance

Le dernier point d’aide sur cette plantation réside dans le besoin des plants en richesse du sol. Le Mûrier blanc réagit très fortement à l’apport en azote. L’idée a donc été de mettre 60 grammes d’azote via de la poudre de corne et sang séché, compatible en Agriculture Biologique. Nous attendons les prochaines saisons de végétation pour savoir si l’effet a pu être réellement fort.

Ce qu’il faut retenir de cette journée technique :

  • Le Mûrier blanc est une essence rustique, mais qu’il est nécessaire d’aider sur les premières années en conditions extrêmes.
  • Sur des zones avec des sols de faible profondeur, le démarrage des plants est plus lent que sur des sols profonds.
  • Le Mûrier blanc réagit très fortement au moindre apport qui lui est fait, et que si l’on souhaite une production de biomasse élevée, il faut apporter à l’arbre de la matière à consommer.
     

Il n’y a pas de solution miracle mais l’intégration de l’arbre fourrager dans l’itinéraire des élevages est un des rouages du mécanisme d’autonomie alimentaire. Dans des conditions difficiles, il est toujours possible de faire quelque chose, mais avec des temps plus longs, et une réflexion à l’échelle du système d’exploitation et non uniquement à la parcelle.

 

Pour plus d'information contacter :
Nelson GUICHET
foret@ariege.chambagri.fr